Le Nigéria poursuit la vaccination de routine malgré la pandémie de COVID-19
Kano - À l'hôpital pédiatrique Hasiya Bayero du centre-ville de Kano, le poumon économique du nord du Nigéria, Aisha Iliasu est patiemment assise sur un banc en béton dans la salle d'attente, en compagnie d'autres femmes et enfants. Deux grandes affiches de sensibilisation sur le COVID-19 sont collées sur le mur à côté d'elle.
Malgré le confinement mis en place dans la ville, Mme Iliasu s’est rendue à l'hôpital pour faire vacciner son fils de 9 mois contre la rougeole.
« Je ne veux pas qu'il rate un vaccin. Il a pris toutes les doses jusqu'à présent, et c'est la dernière », dit-elle. « Au début, j'étais sceptique à l'idée de venir à l’hôpital car je pensais que les agents de santé ne seraient pas là. Mais toutes les infirmières sont présentes et prennent soin des enfants comme d'habitude ».
Chaque année, des millions de vies sont sauvées grâce à la vaccination de routine, largement reconnue comme l'une des interventions de santé publique les plus efficaces et les plus rentables. Cependant, au Nigéria, plus de trois millions d'enfants de moins d'un an ne sont toujours pas vaccinés ou sont sous-vaccinés.
La pandémie de COVID-19 a posé de nouveaux obstacles à la vaccination dans le pays, ainsi qu’à la surveillance des maladies évitables par la vaccination dans une grande partie de l'Afrique. Alors que le continent réagit face au nouveau coronavirus, il existe un risque important que davantage d'enfants ne reçoivent pas les vaccins qui peuvent sauver des vies et prévenir des maladies telles que la rougeole et la polio.
Au cours de la Semaine mondiale de la vaccination, fin avril, Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l'Afrique, avait réitéré l'importance de continuer à « protéger les communautés contre les épidémies de maladies évitables par la vaccination en cette période sans précédent ». Elle avait exhorté les pays africains à adopter des approches novatrices pour maintenir les services de vaccination de routine et à mettre en œuvre de solides pratiques de prévention et de contrôle des infections dans toutes les structures sanitaires.
L'OMS a élaboré de nouvelles lignes directrices sur la vaccination dans le cadre du COVID-19. Ces dernières soulignent la nécessité de cette approche dynamique et exhortent les pays à donner la priorité au maintien de la vaccination de routine des enfants et des autres groupes à risque.
Au départ, les informations recueillies par l'OMS auprès de divers hôpitaux et cliniques de Kano laissaient entendre qu'il y avait eu une baisse inquiétante de la fréquentation des structures de santé. Cette situation était due au manque de sensibilisation sur la poursuite de la vaccination de routine, ainsi qu’à la crainte d'une infection au COVID-19 et des problèmes de transport découlant des mesures de confinement. Des professionnels de la santé avaient également peur d'aller travailler, car certains de leurs collègues avaient été testés positifs au virus.
Pour améliorer la prestation et la continuité des services de vaccination au Nigéria, et pour garantir la sécurité des professionnels de santé et des patients, l'Agence nationale de développement des soins de santé primaires (NPHCDA), avec le soutien de l'OMS, a mis en place des mesures pour s'assurer qu'aucune personne éligible ne manque la vaccination de routine dans le pays.
« Plusieurs directives et matériels ont été élaborés pour encadrer la conduite de services de vaccination et d'autres services de soins de santé primaires dans les structures concernées dans le contexte de la pandémie de COVID-19 », explique Dr Faisal Shuaib, directeur général de la NPHCDA.
Le bureau de l'OMS au Nigéria a apporté un soutien technique à l'élaboration de ces lignes directrices. « Cela est intégré dans le plan d'intervention du COVID-19 pour les soins de santé primaires, un pilier important pour fournir des services de santé essentiels pendant cette pandémie », a déclaré Kofi Boateng, point focal de l'OMS au Nigéria pour la vaccination de routine.
L'OMS a également aidé le NPHCDA à mettre en place des formations virtuelles sur les mesures de prévention et de contrôle des infections pour les professionnels de santé locaux. Ceci a permis à ceux qui avaient auparavant peur d'aller travailler de se sentir en sécurité pour reprendre le travail et leur a donné les moyens d'assurer le bien-être de leurs patients. Ces travailleurs de la santé ont également reçu des équipements de protection individuelle essentiels.
Les programmes de sensibilisation des communautés à la vaccination de routine ont également été intensifiés ces dernières semaines, incluant la distribution porte-à-porte de documents d’information importants. Ces programmes ont également impliqué l’engagement constant des chefs traditionnels et religieux, qui jouent un rôle clé dans la mobilisation de leurs communautés.
Actuellement, la vaccination de routine est en cours dans les 36 États nigérians. Mairo Mohammed, une infirmière qui administre les vaccins à l'hôpital pédiatrique de Hasiya Bayero, a déclaré qu'il y avait eu une nette amélioration de la participation par rapport au début de la pandémie.
« Au début, nous avons été confrontés au problème de la faible participation des professionnels de la santé et des soignants qui avaient peur de se rendre dans les structures de santé par crainte d'être infectés », a-t-elle déclaré. « Mais maintenant, ils ont pris conscience que les activités de vaccination se poursuivent comme d'habitude et ils comprennent mieux les mesures qu'ils peuvent prendre pour se protéger ».
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